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Lottery legacy : qualification au mérite pour l'Ironman d'Hawaï

C'est certainement le rêve du triathlète le plus répandu. Participer à l'Ironman d'Hawaï, les championnats du monde sur la distance reine, reste un rêve de moins en moins accessible. En dix ans, le niveau et la concurrence se sont durcis pour décrocher l'un des quelques slots ouverts dans sa catégorie d'âge sur des épreuves Ironman qui se sont multipliées.

Aussi, la lotterie permet-elle à une centaine de triathlètes d'être miraculeusement retenus. Mais depuis deux ans, l'Ironman legacy permet en plus de récompenser des triathlètes qui ont terminé au moins 12 Ironman. Portrait des deux Français élus en 2013 !

Roland Cochinard, 50 ans, 21 Ironman en 21 ans

"Voir des gens qui terminaient cette course monumentale à quatre pattes m'a bouleversé"

ironman2011 RolandCochinard Hawaii2Chaque blessure sportive grave aura marqué un virage radical dans le vie sportive de Roland Cochinard. C'est en 1988, alors qu'il est en convalescence après une blessure en boxe américaine, qu'il assiste en direct à la télévision à l'Ironman d'Hawaï. Un choc et une nouvelle obsession l'emporte. "Voir des gens qui terminaient cette course monumentale, à quatre pattes, à la limite de la rupture, m'a bouleversé. Je me suis dit que j'allais faire ça !"

Si pendant 21 ans, le chauffeur de direction aux horaires impossibles ne lâche pas son obsession, la qualification lui a échappé... De peu, mais elle lui a échappé. Aussi, lorsque il a appris dimanche dernier qu'il était retenu pour la finale des championnats du monde Ironman, dans le cadre de l'Ironman legacy, il a explosé de joie.

Bonheur immense dans l'adversité

"Je suis tellement heureux. C'est un aboutissement ! Mes proches en ont pleuré pour moi, à la fois parce que c'est une chance fabuleuse. Mais aussi parce que je me suis gravement blessé avec une fracture ouverte à l'épaule en vélo il y a trois semaines. Ma première chute à vélo..." Mauvais Karma. Mais l'athlète ne veut voir que le bonheur de cette participation, car il ira... Quelles qu'en soient les difficultés !

"Je suis motivé ! Je vais monter sur le home-trainer pour ne rouler qu'avec un bras. La course à pied, c'est mon point fort. Je ne suis pas inquiet. Quand à la natation, je ferai ce que je peux. Je veux le faire : c'est un défi !", affiche-t-il décidé. Et il n'ira pas seul puisqu'une femme de son club de Nanterre vient de se qualifier pour Kona (Hawaï) sur l'Ironman d'Afrique du Sud.

Il faut dire que la nouvelle tombe alors qu'en 2012 Roland Cochinard subissait une baisse de motivation pour le passage à la cinquantaine. "Klagenfurt, l'année dernière, avec ses 36° C et une forte deshydratation m'avait cassé. Après 22 ans d'entraînement, ces années à rouler sous la pluie, à courir dans le noir, et à jongler avec mes horaires professionnels, parfois rentré à deux heures du matin, d'autre fois, à l'aube... Là ça me relance totalement", dit tout excité celui qui est prêt à donner tout ce qu'il pourra sur le parcours venté, chaud et humide de l'île américaine.

Il n'a cessé d'en rêver de cette course mythique. Quand, en deux années, il a découvert le triathlon, appris à nager, courir et pédaler pour faire le passage obligé par des triathlons aux formats plus courts, il avait déjà eu cette force de terminer son premier Ironman avec l'excellent temps de 11h15, à Roth.

"C'est l'un de mes plus beaux souvenirs en triathlon. J'avais réussi à le faire, terminer cette épreuve. Il ne me restait plus qu'à décrocher la qualification pour la finale !" Il est passé très proche avec une quatrième place dans son groupe d'âge alors qu'il n'y avait que deux slots... Après ses 10h25 à l'Ironman de Klagenfurt en Autriche, il avait regretté. "Cela reste un très beau souvenir. Mais j'avais terminé avec une impression de facilité énorme. Et je me suis dit, à en pleurer, pourquoi tu n'as pas forcé plus. J'y croyais à cette qualif.".

Australie, Japon, Canada, Europe : le triathlète a parcouru les quatre coins du globe. Sans jamais perdre la foi. Mais, il savait qu'en s'inscrivant sur l'Ironman legacy program, qu'il aurait peut-être le bonheur d'être du prochain voyage. Celle-ci lui revient maintenant de droit. Mais dans un contexte compliqué avec une préparation qu'il devra adapter à son handicap, là où à l'approche des objectifs il grimpe au-delà des 20 heures d'entraînement par semaine.

Mais le mental est là. Et ces championnats du monde, il les fera au mental.

 

Thierry Vié, 56 ans, 23 Ironman depuis 2007

"Je suis la preuve vivante que l'on peut enchaîner plusieurs Ironman dans l'année avec 10 heures d'entraînement hebdomadaires"

"Je n'ai pas tenté la lottery Ironman, et je ne l'ai jamais fait.  Je considère que Hawaï, ça se mérite. C'est la raison pour laquelle je n'ai jamais tenté d'obtenir un slot par ce vecteur. La qualif, je l'ai obtenue par le legacy", martèle Thierry Vié, qui à 56 ans décroche la timbale.

Comme il l'explique, le programme legacy, c'est une qualification "au mérite" qui nécessite de pouvoir justifier de la participation et de l'obtention du t-shirt "finisher" sur 12 Ironman en 12 ans.

Pour Thierry Vié, l'aventure a débuté par un challenge lancé par son PDG de l'époque qui lui demande de constituer une équipe pour le marathon de New-York... "J'ai plutôt proposé un triathlon, le longue distance de Nice. J'ai constitué une équipe de cinq personnes volontaires dans des métiers différents de notre entreprise. Aucun de nous n'avait fait de triathlon. Le défi était donc de terminer...", raconte-t-il. Objectif rempli.

Mais ce n'est que trois ans après cet épisode, en 2003, qu'il se lance et attaque bille en tête par l'Ironman de Lanzarote. "Dix ans plus tard, j'en totalise 23 au compteur et j'en ai terminé 22", précise le triathlète qui a rapidement compris que la qualif. ne serait pas une mince affaire. "Après Lanzarote, j'ai fait celui d'Afrique du Sud me disant qu'il serait plus facile d'obtenir une place pour Hawaï."

Malgré son "all over the world" pour décrocher le slot, il doit vite se rendre à l'évidence que le niveau est relevé sur tous les continents. En 2007, avec une quatrième place dans son groupe d'âge sur l'Ironman britanique, il frôle l'objectif. Mais seuls deux slots sont ouverts.

"Depuis cette date, je me suis dit que sur un malentendu, ça pouvait peut-être me sourire un jour. Aujourd'hui, ma qualification est un aboutissement, un formidable message d'encouragement pour toutes celles et ceux qui rêvent de participer au mythe d'Hawai", soutient le chef d'entreprise, dont le temps est compté.

Avec une dizaine d'heures d'entraînement par semaine, Thierry Vié se concentre sur le vélo le week-end grâce à "une épouse formidable qui me laisse pédaler plusieurs heures en continu le samedi et le dimanche. Je cours deux à trois fois par semaine sur un tapis le matin, avant le boulot de 5h15 à 6h15, je nage maximum deux fois 30 minutes par semaine".

"Mon histoire est la preuve qu'avec un maxi de 10 heures de training par semaine, on peut enchaîner plusieurs Ironman dans l'année et gérer vie professionnelle et vie privée dans l'harmonie", apprécie celui qui a adopté le rythme Ironman comme une philosophie et le moyen de "s'oxygéner".

Ce slot pour Hawaï est une belle victoire pour Thierry Vié, une récompense de sa ténacité mais aussi un beau résumé des aventures humaines qui ont marqué son parcours. Comme en Malaisie quand le gagnant de l'Ironman s'arrête presque avant la ligne d'arrivée pour l'encourager, alors qu'il attaque juste son marathon...