Triathlon 70.3 d'Aix-en-Provence : retour sur le parcours du vainqueur, Ben Pernet
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- samedi 24 juin 2017
- la rédaction
Ben Pernet le dit lui-même : « je suis mon propre cobaye. Et ce que j'apprends de ma pratique, je peux le partager avec les athlètes que je coaches, et réciproquement... » Le triathlète a déjà son slot pour participer aux championnats du monde de triathlon Ironman à Hawaï, en octobre 2017, et vient de terminer premier "amateur" sur le half-Ironman d'Aix-en-Provence.
Pourtant, sa philosophie tient moins à la place qu'à la maîtrise de sa pratique. C'est-à-dire de sa vie : « l'athlète qui va à Hawaï, s'il a tout foiré à côté pendant l'année, aura échoué. Trouver l'équilibre, alors que la pratique devient très prenante à ce niveau, est pour moi fondamental ! »
Ne vous fiez pas aux apparences ! Lorsque Ben Pernet termine le triathlon 70.3 d'Aix-en-Provence sur la plus haute marche (4h15 - 15ème mais premier des groupes d'âges), en mai dernier, il est loin d'avoir fait une perf. de pro. Pourtant, devant lui, 14 professionnels et encore des triathlètes professionnels après lui...
« Il y a une grosse différence entre le haut-niveau et moi ! », tempère-t-il. « Je suis à 8 % du temps du premier, Bertrand Billard... Alors que le haut-niveau, ce sont vraiment ceux qui se battent dans les 5/8 minutes pour le trophée ».
Face aux contraintes de la vie quotidienne, le triathlète de 36 ans a d'ailleurs arrêté de courir en professionnel dès 2013, après un 8h30 sur l'Ironman de Roth (14ème), performance qu'il réitère sa dernière année en pro. en 8h39. « Cette fin de carrière n'a pas été évidente. Car, tout d'un coup, tu passes d'une course où tu sors de l'eau avec les pros avant de rouler avec eux à une course où tu te retrouves seul... J'ai eu une longue et dure période d'adaptation ».
Un transition compliquée qui ne l'empêche pas de décrocher une quatrième place aux championnats du monde Ironman 70.3 à Mont-Tremblant ou de multiplier les podiums en groupe d'âges sur les formats half-Ironman en Europe.
Dès lors, il a dû appliquer une de ses recettes, répéter et encore répéter. « Pour être sûr que tu contrôles, il faut répéter. L'an dernier, dans cet esprit, j'ai fait trois Ironman (11ème, 6ème et 1er des 35-39 ans - NDR). C'est trop. Mais cela t'apprend à faire la course seul. Et maintenant, je sais le faire ! »
C'est d'ailleurs lors de sa troisième répétition, en 2016 à Majorque (Espagne), qu'il a gagné dans son groupe d'âge et décroché son slot 2017 pour les championnats du monde. « Incontestablement, ma meilleure course de l'année », estime celui qui termine en 8h53 et 13ème au scratch...
« Mon point faible ? Je ne me suis pas spécialisé dans l'une des disciplines dans ma jeunesse... »
L'athlétisme, le cyclisme, la natation ? Aucune des trois, mon capitaine. Ben Pernet a simplement été initié depuis sa plus tendre enfance au triathlon, et en mode loisir. « Mon père qui est médecin et ostéopathe pratiquait déjà le triathlon quand j'étais jeune. Mais dans un objectif ludique et de bien-être. Ma mère l'a suivi. Et je crois que c'était le point d'union de la famille lorsque je m'y suis mis à neuf ans, avec une première course avenir. »
C'est ainsi qu'il se lance entre l'entraînement l'année, le vélo à la montagne pour les vacances en famille et ses premières épreuves... Avant d'être repéré lors des détections jeunes de la ligue Lorraine, vers 12-13 ans. « Je ne me suis pas spécialisé dans l'une des trois disciplines dans ma jeunesse... Mon point faible, c'est de n'avoir pas eu de point fort ! »
À 17 ans, les choses sérieuses débutent pour une dizaine d'années de pratique intensive, bi-quotidienne, entre 10 à 20 heures hebdomadaires d'entraînement. Mais définitivement, le sport fera partie de sa vie : il oriente ses études sur le sport à Montpellier « là où il y avait les élites du triathlon », après deux années au pôle espoir de Nancy, pour décrocher un master 2 ingénierie de la performance (option "préparation physique").
Des années où il s'entraîne seul, puis avec un petit groupe, et souvent à la piscine municipale sur les horaires publics. « J'ai beaucoup progressé au cours de cette période, en particulier en natation où je me suis révélé. Et en 2005, j'ai été sélectionné en équipe de France. L'année suivante, nous avons remporté par équipe les championnats du monde universitaires ». C'est aussi en 2006 qu'il réalise son premier Ironman, à Roth, en 9h16. « Je suis complètement passé à côté de cette course », note-t-il.
Mais il garde de ses résultats solides de bons souvenirs : « je pense notamment à ma quatrième place sur l'Ironman 70.3 d'Anvers (4h00), juste devant Luke McKenzie et à cinq minutes de Marino Vanhoenacker. Et je termine le semi en 1h17. Mais l'année suivante, avec mes études à l'Insep, c'était compliqué de s'entraîner à Paris ! J'avais peut-être atteint mes limites... », s'interroge le triathlète.
Virage Ironman et une première à Kona
Francfort, Barcelone, Zurich, Cozumel, Roth, Mont-Tremblant, Wiesbaden et Kona en 2015 sur les championnats du monde Ironman... « Ce qui est fort sur l'Ironman d'Hawaï, c'est la forte concentration de concurrents costauds. C'est une course où on peut aller se battre, il y a beaucoup d'athlètes de mon niveau. Après, les références temps sont toujours à pondérer. L'important, c'est le contrôle, c'est ce que je recherche ! »
Sa première expérience hawaïenne avaient été un peu ternie par une gastro. avant la course et, comme à chaque fois, les conditions de chaleur et d'humidité difficiles à supporter. « J'ai marché à tous les ravitos sur toute la longueur du marathon. J'ai fini les 42 km en 3h45... La première fois, on réalise qu'il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte », relève le finisher en 9h55 (270ème).
« Cela fait 25 ans que je fais du triathlon. Je sais que je ne descendrai pas sous les 8h30 sur Ironman et que je ne ferai plus de half-Ironman où il y a du monde dans le top 10. Mais j'ai encore des objectifs. Courir le marathon de l'IM en moins de trois heures, par exemple. J'aspire surtout à arriver à un point de contrôle complet sur la course. C'est, pour moi, bien plus important que la place ou le temps ! », affiche celui qui s'apprête à se lancer sur l'Ironman de Bolton, en juillet, avant Kona...
Mais Ben Pernet ne peut s'empêcher de reprendre sa casquette de coach, et d'afficher avec un petit sourire plein de sens : « il y a la performance sur le papier et celle que l'on ne peut s'empêcher de garder dans un coin de la tête. Or, nous sommes sur un sport exigeant et la notion de performance ou de place est très relative. Car, quand tu dis que tu as réalisé telle performance, quelle soit meilleure ou moins bonne, tu n'intègres pas toutes le contraintes nouvelles... L'important est d'abord le rapport à soi plutôt qu'à la performance, notamment celles des autres qui n'auront pas vécu la même histoire. Et je suis convaincu que si l'on ne sait pas s'arrêter périodiquement, s'arrêter pour réfléchir, pour retravailler sa motivation par rapport à la pratique, tout cela ne sert à rien ! »
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