Ö Till Ö : l'épreuve mythique du swimrun défendue par une équipe française de haut vol
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- vendredi 24 août 2018
- la rédaction
2015 est la seule année où une équipe française de swimrun a terminé sur le podium des championnats du monde Ö Till Ö, en Suède, dans l'archipel de Stockholm. Le Français Nicolas Remires en faisait partie. Depuis, il a trusté le top 10 de l'épreuve, avec à chaque fois un coéquipier différent.
Cette année 2018, le champion a bien l'intention avec Guillaume Heneman de défendre les chances françaises pour un trophée tant convoité face aux 169 autres équipes du top mondial qui devront parcourir 75 km dont 10 km en natation et 65 km en trail lors de la traversée des 24 îles suédoises !
Pour le swimrunner, l'esprit de la discipline est d'abord synonyme de liberté et de partage avec les meilleurs athlètes. Installé en Suède, il bénéficie en effet d'un environnement privilégié qu'il compte mettre à profit lors des championnats du monde, le 3 septembre.
Interview avec un doublement passionné de la discipline. Puisqu'il est également coach du team Envol.
XL TRIATHLON : Nicolas Remires, vous vous présentez pour la quatrième fois aux championnats du monde Ö Till Ö de swimrun. Quel est votre objectif en 2018 ?
Nicolas Remires : en 2018 ? On veut gagner Ö Till Ö ! On a couru en Croatie et en Angleterre avec Guillaume (Heneman, NDR). Et nous avons pu constater que l'on avait le niveau pour gagner les championnats du monde Ö Till Ö. On a suivi notre plan d'entraînement. Et nous avons l'expérience. J'ai progressé en natation pour être sûr d'être dans le groupe de tête, après le premier quart de la course, où il y a beaucoup de natation. Après, tout peut arriver pendant les huit heures de course. Ça va vite mais c'est long. Il va falloir être patient et se sentir solides pour pouvoir finir plus fort que les autres.
Le 3 septembre, le plus gros aléa sera l'état du parcour, s'il est mouillé... Des passages sont très techniques et glissants. L'eau ne devrait pas être trop froide cette année. Je ne vois donc pas de mauvaises conditions pour nous. Mais nous sommes entraînés pour tous les cas de figure.
Pensez-vous que l'équipe des Forces armées suédoises, qui a remporté beaucoup d'épreuves en 2017 dont les précédents world championship, est "jouable" ?
Bien entendu qu'ils sont battables ! En 2017, Daniel Hansson a surpris tout le monde en courant avec Jesper Jansson, un des meilleurs nageurs suédois et meilleurs Ironman suédois du moment. Je ne sais pas avec qui il va courir cette année ? Cette édition sera bien différente. Et on ne connaît pas encore toutes les compositions des équipes. Il y a beaucoup de d'équipes très fortes et notamment la Team Garmin qui n a pas perdu depuis Octobre 2017.
Votre troisième place, en 2015 avec Julian Dent, reste-t-elle votre meilleur souvenir des championnats des world series Ö Till Ö ?
J'ai couru mes premiers championnats du monde de swimrun Ö Till Ö en 2015. Cette année sera la quatrième édition à laquelle je participe. Mais toutes les éditions ont été compliquées ! Les trois fois, dans l'archipel de Stockholm, j'ai eu un partenaire différent. Cette année sera donc la première où je partirai avec le même partenaire. Ça va être super. Car on a bâti de très bonnes bases.
En 2015, finir troisième avec mon ami Julian était vraiment émouvant. On était une équipe très soudée. On courait mieux que les autres équipes de tête mais notre niveau natation était trop faible pour décrocher le titre. On finit vraiment pas loin de la victoire après une très grosse remontée pendant les trois dernières heures. Lors des éditions suivantes, j'ai fait 4ème et 6ème. Le classement est moins bon mais le niveau général est bien meilleur. C'est maintenant très serré !
Comment avez-vous découvert le swimrun et qu'est-ce qui vous a séduit dans cette jeune discipline ?
J'ai découvert le sport quand je me suis installé en Suède en 2011. J'étais plus dans le cyclisme à ce moment-là. Puis j'ai rencontré Daniel Hansson, multiple vainqueur d'Ö Till Ö. On est voisin. On a fait quelques courses ensemble. C'était génial. J'ai adoré l'esprit d'équipe : tout donner pour son coéquipier !
J'ai donc cherché un bon pote pour avoir un partenaire régulier et m'entraîner avec. Et j'ai commencé à courir avec un ami, Julian Dent, un Australien qui habite Stockhom. On court toujours ensemble...
Aviez-vous déjà expérimenté le triathlon avant de passer au swimrun ?
Par le passé, j'ai couru quelques Ironman. C'était sympa et à une autre période de ma vie. Je m'entraînais alors avec un squad de triathletes longue distance à Canberra, en Australie. C'était génial de faire cela en groupe même si la course était individuelle.
Avec le recul, quelles sont les expériences sportives qui vous ont permis d'être à ce niveau d'excellence ?
Mon niveau ne cesse de s'améliorer depuis trois ans. Je nage beaucoup plus vite. Je suis plus endurant et je travaille plus sur ma vitesse et la résistance à tenir des allures élevées en course à pied. Cette année, sur toutes les courses Ö Till Ö, mes records ont été améliorés. Les équipes de tête sont très proches à l'arrivée.
C'est dur de gagner. Car les équipes contre lesquelles on bataille sont très fortes... Et ce sont des amis. On se poussent mutuellement à aller toujours plus vite.
Ensuite, il y a aussi la connaissance du sport, des épreuves et des autres équipes. C'est un sport très spécifique. Et les tactiques de courses voient le jour. Le choix du coéquipier idéal joue d'ailleurs un rôle crucial.
Que pensez-vous de l'explosion soudaine des swimruns en France ?
Je n'ai pas testé de course de swimrun en France. C'est toujours compliqué avec les dates. Le circuit Ö Till Ö est déjà très chargé. Cependant, je vais avoir la chance de courir en France, le 21 octobre prochain, pour le premier Ö Till Ö qui est lancé à Cannes. Sinon, j'ai entendu beaucoup de bien de certaines courses françaises. L'explosion du swimrun en France n'est pas surprenante. Les gens recherchent plus de liberté.
Le swimrun est une activité qui doit rester ouverte à tous et les gens doivent comprendre que faire du swimrun, ce n'est pas mettre un dossard et aller sur une ligne de départ de course. Le swimrun, pour moi, c'est ce que je vis plusieurs fois par semaine : j'enfile mon short et mes runners, j'entraîne des amis avec moi, et je pars courir... Quand on trouve un lac ou un bras de mer, on nage. Puis on sort de l'eau et on court, etc.
Avec cet esprit, on se sent vraiment libre. En 2018, j'ai créé le Team Envol qui va prendre une dimension encore plus internationale après Ö Till Ö 2018. J'ai en effet pour objectif de partager cette image du swimrun pour tous et en toute liberté, à travers les actions de l'équipe. Certes, on fait des courses. mMais ce n'est pas une finalité. Pour moi, m'engager sur le circuit Ö Till Ö, c'est me faire plaisir à courir contre mes amis et à passer un bon moment avec eux.
L'idée d'une équipe mixte (éventuellement française) vous a-t-elle effleurée ?
J'ai failli faire une course en mixte cet été avec une de mes athlètes du Team Envol. Mais elle s'est blessée la semaine précédant la course. Sinon, je ne connais pas d'athlète féminine française. Ce serait donc compliqué de courir en mixte franco-français...
Les 1 250 euros d'inscription aux mondiaux d'Ö Till Ö ne constituent-ils pas une barrière importante pour ceux qualifiés sur cette épreuve mythique ?
Pour le Team Envol, j'ai trouvé des sponsors qui nous paient beaucoup d'entrées de course. Tous mes coureurs élites ont leurs courses et frais de course offerts.
Si certains Français font partie des meilleurs Français, ils ne devraient pas non plus avoir de mal à trouver les financements ! Pour des athlètes qui ne sont pas les meilleurs mais qui veulent participer, 1 250 € à deux avec les nuits d'hôtel et les repas inclus, je ne trouve pas cela trop cher. Je pense qu il y a toujours possibilité d'éviter des dépenses inutiles pour se payer une expérience aussi inoubliable qu'Ö Till Ö.